27 septembre 2006

T'es in quand t'as ta tétine

Ils sont malins à la maternité, ils proposent des biberons tout prêts avec des tétines stériles qui ont la magie de couler presque toute seule. Le bébé n'a pas trop d'effort à faire d'où un gain de temps et une quasi certitude que le bébé grossira plus vite avec la vérification de l'axiome "vous sortez à J+4" [et permettez ainsi de laisser la place à une autre pondeuse, au diable le baby blues].Mais arrivé à la maison, les choses se compliquent. Certes, si vous avez eu un peu de chance il vous reste quelques biberons magiques qui seront bien utiles pour les premières nuits agitées, mais le stock diminuera fatalement. On peut réutiliser ces biberons mais il faut se résigner un jour à acheter le biberon incassable et stérilisable à 120°c - comme s'il y avait des biberons cassables et qui fondait à 120°c. Une fois le biberon choisi, il faut y coller une tétine et là, le choix est colossal : caoutchouc ou silicone, à bout rond dit cerise, physiologique ou le nec plus ultra à valve de régulation d'air, et enfin à vitesse automatique ou manuelle. Nous sommes partis confiants et nous avons eu notre grosse période de doute, jusqu'à pratiquer le perçage de tétine. Là, Diego prenait 90 ml en 3 minutes ! Un peu violent comme méthode, à la limite du gavage. Ce qui est génial c'est qu'à aucun moment il ne s'est énervé, passant parfois 1 heure à "tchouquer" pour très peu de produit. Avec un peu de patience et surtout de desserrage, il arrive maintenant à descendre entre 70 et 120 ml par tétée dans des délais très raisonnables.

C'est gagné et les biberons qui sèchent sur leur arbre c'est plus joli que les "tout prêts" à jeter.

23 septembre 2006

Berceau

Diego prend énormément soin du berceau de sa cousine Juliette. Le lapin Zus est toujours présent.

Bracelet de naissance

Voici son bracelet monté au pied car son poignet était trop riquiqui. Il est posé sur la rose "avalanche" de Titou.
Au fait il n'y a pas d'accent à Diego, et ce n'est pas une référence au gaucher gaucho mais un simple hommage à Michel Berger.
Son deuxième prénom est Joshua, ainsi on aura peut-être un DJ Martinez ! A voir ses mains, il est déjà équipé pour les platines.


21 septembre 2006

Diego est arrivé ... assez pressé

Jeudi 14 septembre, journée de ménage et d'activités diverses pour Sandra. Arrive la soirée avec son repos bien mérité. Un des derniers épisodes d'Urgences pour se préparer aux NFS, chimie, IONO, ECG et autres recherches de toxique, une PL pour la route ?
On continue avec quelques vieux sketches des Inconnus qui provoquent chez Sandra une hilarité assez puissante pour déclencher un début de contractions. Arrêt de la vidéo pour s'apercevoir que le travail commence peut-être. Un appel à la clinique pour se rassurer et nous voilà en train de choisir (enfin) un modèle de faire-part. Je me couche un peu soucieux mais décidé à dormir au cas où ça passe. Pendant ce temps, Sandra finit le sac pour la maternité, entamé le matin. Entre deux contractions ça occupe bien (un conseil pour ceux qui n'aiment pas attendre). A 3h45, Sandra me réveille en me disant que là c'est le moment d'y aller. Réveil difficile et un tantinet râleur, persuadé qu'il ne s'agit que d'un faux travail.
Nous voilà presto dans le Scénic à éviter les derniers fêtards et les dernières bosses de la cité. Arrivée à la clinique, une infirmière étrangement désoeuvrée dans la nuit noire et obscure nous ouvre gentiment la porte.
Après avoir escaladé les 4 étages en ascenseur pour arriver au niveau 1 (un génie civil qui nous fait partir du niveau -2, cette zone doit être inondable ?!), nous voilà devant le bloc avec ses sens interdits dans tous les sens. La sonnette nous ouvre avec un accueil des plus rassurants.
Prélèvement, examen et questionnement habituels... sauf pour le prénom. Alors là, c'est la première fois qu'on se sent obligé de le dire mais comment faire quand on ne le connait pas vraiment ? On remet notre réponse à plus tard pour entamer une ultime négociation que je savais perdue d'avance (ne pas contrarier une femme avant son accouchement me parait être une bonne devise, si on ne veut pas traîner pendant des années de diners l'éternel reproche). Faut dire qu'il m'a fallu des heures et des heures de recherche, de lecture, d'association, de classement, même de création pour arriver finalement au prénom du départ, celui qu'on avait choisit comme tout couple à un moment donné qui lance "si c'est un garçon, ça sera...". Pourquoi alors autant de tergiversations. Parce qu'il me fallait quelque chose de nouveau, d'esthétique, de cohérent avec ma façon d'être. Mais finalement, la force de persuation de Sandra et le refus quasi systématique de mes 20 élus ont eu raison de moi. Je l'aime bien ce prénom quand même (noter qu'il n'y a pas d'accent comme en espagnol).

Je descends poser ses affaires en réalisant vraiment que c'était le moment. Sentiment étrange entre fatigue, joie d'en être là et inquiétude de gestes inconnus et d'une rencontre avec un étranger qui lui me connait déjà par la voix. Chambre occupée, bonne blague. Je remonte me faire confirmer le numéro pensant l'avoir perdu dans mes angoisses. Que nenni, pas si sage cette femme, plutôt mal réveillée (on a bien du les réveiller à 4h, d'où l'accueil).
Bref, équipé de la blouse de Doug et des protège-chaussures de Yoko, je rejoins une Sandra monitorée. Recontrôle méticuleux de l'ouverture du col qui progresse bien, il est temps d'appeler l'anesthésiste pour la péridurale. Un grand bonhomme d'apparence molle avec d'étranges sabots en guimauve rouge arrive tranquillement en balbutiant quelques courtoisies. Sa quiétude et la grandeur de ses mains en font un allié rassurant. Je m'équipe - assez mal - d'un chapeau ridicule quoique accordé à mes lunettes et d'un masque de chirurgien. Mes années d'Urgences vont enfin servir. Tube de 7 ou de 7 1/2 ?, drain thoracique, voie centrale, kit de suture, tout est à portée de main, je suppose, dans les tiroirs, je me contrôle pour ne pas succomber à la tentation du bistouri électrique.
La préparation à la piqûre se fait dans un silence cérémonial. Sandra tremble normalement comme depuis un moment, mais fatalement ce tremblement aiguise ma tension. Quelques mots rassurants de la sage femme, l'infirmière et du Benton blanc suffisent à passer le cap d'une intervention tant redoutée. "Et alors", vous me direz, "l'aiguille ?". Rien de bien extraordinaire ou alors peut être que mon cerveau l'a volontairement réduite à un aiguillon.
Voilà c'est fait, il faut maintenant attendre que le travail continue mais Sandra est apaisée.
Intimité cocasse, elle et ses tubes, moi et mes protège chaussures. La lumière tamisée, on prend le temps de discuter tranquillement alors que la descente se fait doucement mais fermement. Le temps passe très vite avec de surcroît le luxe d’un petit déjeuner en salle d’accouchement. J’ai peur, comme d’habitude, de me tâcher ou de tout renverser comme un boulet mais c’est Sandra qui perd les eaux. Excellent travail fait remarquer la sage femme qui s'apprêtait à percer cette poche (décidemment joueuse la sage femme pas la poche). Ensuite tout semble aller très vite, on me demande de me mettre en position, pendant ce temps la première cliente à une césarienne programmée roule dans le couloir. Première poussée, j'ai enfin trouvé quoi faire, relever la tête de Sandra et lui écarter les coudes pour l'aider à pousser. Après chaque dure poussée, je l'encourage mais je sens bien que je ne sers à rien. Enfin, je l'aide à se concentrer sur la cible. Le Docteur Marty bien coiffé débarque gentiment pour effectuer les derniers gestes. La poussée n'est pas très convaincante pourtant elle avait eu 18/20 à l'examen blanc. Mais sur le banc, à moitié endormie, c'est beaucoup plus dur. Après 20 minutes, l’intervention des spatules est nécessaire. Sandra déçue se résigne à abandonner le dernier geste à son accoucheur. Diego est enfin né d’un cri assez puissant. A peine nettoyé, on le pose quelques instants sur Sandra aux yeux ecarquillés. Je regarde cet être sanguinolent sans trop savoir quoi faire et, machinalement, pour ne pas perdre le fil, je me tourne vers la pendule qui affiche fièrement ses 7h30.

Je crois qu’on ne se prépare pas assez à vivre ces moments-là. L’angoisse permanente et cette peur insidieuse de rejoindre les bancs de la statistique négative ont presque complètement occulté la joie naturelle d’être enfin père.
Assez vite, je poursuis la sage femme, non pas pour vérifier qu'elle ne l'intervertit pas avec un bébé moins beau, caché dans un placard, mais pour assister au toilettage, pesage, mesurage et dosage. Les voilà ces gestes inconnus, redoutés. Ce petit se fait aspirer le liquide qui lui reste, passe à la balance (2kg610) et au pied à coulisse (49,5cm déplié). Le bain, une couche et une couverture, le voilà dans mes bras. Pas la peine de forcer (c'est comme au golf), tout en souplesse, il ne pèse rien. Retour auprès de la maman qui reçoit les soins habituels pour une séance "peau à peau" colombienne d'une heure et demie qui semble bénéfique. Diego est assez réveillé mais semble bien apaisé par l'odeur de sa mère. Entre temps, un petit Dorian est né. Premiers moments à trois qu'on souhaite laisser traîner alors que l'on commence à vous ramener à la dure réalité des administrations. Entre temps, la relève de 8h30 arrive avec les premiers renvois vers le célèbre footballeur. Il est temps de s'habiller, sont étendus là, les premières tenus des bébés du matin. On est vendredi 15 septembre, il est 9h30, et au travail ils ont dû comprendre.

18 septembre 2006